Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/354

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jeune fille semblait prouver qu’il y avait eu pendaison précédée de strangulation.

C’est par ostentation de son crime que l’infâme Hardigras, qui avait écrit une lettre terrible de menaces à M. Supia et qui savait que ce dernier accourrait à la Fourca après avoir lu cette lettre, avait pendu sa victime dans le salon, pour que le malheureux père se heurtât dès les premiers pas au cadavre de sa fille ! C’est ce qui était arrivé, en effet, sur le coup de minuit.

Depuis combien de temps la pauvre enfant était-elle morte ? C’est ce que les médecins experts déterminèrent le lendemain.

M. Supia avait perdu aussitôt connaissance. Revenu a lui, il s’était traîné dans l’obscurité, avait essayé de se relever mais il était retombé, n’ayant plus que la force de gémir comme une bête agonisante, il appelait sa femme d’une voix sans force. Ce sont ces gémissements qui réveillèrent Mme Supia. Elle avait reconnu la voix de son mari, s’était levée, effrayée, avait allumé une lampe, entr’ouvert la porte, n’avait vu d’abord que son mari sur le tapis, couru à lui, et tout à coup aperçut l’horrible chose.

C’est seulement alors que le prince, réveillé par un cri atroce, suivi de la chute d’un corps, s’était précipité dans le salon ; éclairé par une lampe qui se trouvait dans la chambre de Mme Supia dont la porte était restée ouverte, il s’était heurté d’abord à M. Supia, étendu sur le tapis. En face de lui, Mme Supia était écroulée, râlante. Entre eux, il y avait ce cadavre pendu et qui portait au cou l’épouvantable écriteau : Tu l’as voulu, « boïa » ! Et la signature : Hardigras. —