Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/358

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les menottes à Pistafun, fut certainement l’un des plus beaux de leur vie. Ils l’avaient pris en traître et loin de ses trois compagnons, car s’ils avaient été réunis, MM. Souques et Ordinal ne fussent jamais venus à bout de leur entreprise. Mais le coup était de maître, il faut l’avouer.

Ils avaient découvert que c’était Pistafun qui avait mis à la poste de la Fourca la fameuse lettre reçue par M. Supia le soir du crime.

Pistafun ne put nier que c’était lui. L’aide de la receveuse l’avait vu jeter une lettre dans la boîte quelques minutes avant la levée. La receveuse se rappela très bien l’enveloppe singulière couverte de la fameuse écriture. Elle s’était même dit : « Encore une farce de Titin ! » Or, sur l’enveloppe il y avait la trace d’un gros pouce noir (Pistafun aidait alors à décharger du charbon). MM. Souques et Ordinal s’étant fait remettre l’enveloppe, s’étaient procuré des empreintes digitales de Pistafun, avaient soumis le tout au service anthropométrique et la réponse avait été concluante.

Pistafun, à toutes les questions du juge d’instruction, répondit que cette lettre ne lui avait pas été remise par Titin et qu’il ne connaissait pas Hardigras, bien qu’il eût accepté depuis longtemps, et cela sur l’initiative d’un intermédiaire qu’il se refusait à nommer, de faire les commissions que Hardigras lui envoyait, il n’avait pu refuser car il lui devait bien cela pour tout le plaisir qu’il lui avait procuré lors du dernier Carnaval.

Les lettres qu’il devait mettre à la boîte, il