Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/364

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étaient tombés dans les bras l’un de l’autre, tout le monde s’embrassa. Toton Robin s’essuyait les yeux en disant :

— Il parle aussi bien que notre Titin !

Ceci fut entendu et ceux de la Fourca furent pris d’une grande tristesse. Alors Arthus, dans le silence de tous, prononça ces paroles, mémorables :

— Mes bons amis ! j’ai entendu quelqu’un parler de Titin ! Je n’aurais pas osé prononcer son nom ici parce que je sais qu’à cause de lui vous êtes dans un grand chagrin, mais puisque sa figure que nous avons tous tant aimée vient d’apparaître ici, je tiens à vous dire, en mon nom et au nom de tous ceux de Torre-les-Tourettes : « Quelle que soit la raison pour laquelle il a disparu, et tout ce qui peut, apparemment, l’accabler, nous restons, nous, de grand cœur avec vous et avec Toton Robin : « Non ! ça n’est pas Titin qui a fait ça ! »

Alors ce fut du délire. On n’entendait que ce cri : « Vive Arthus ! Vive Arthus ! »

Ceux de la Fourca reconduisirent jusque chez eux ceux de Torre-les-Tourettes. Ce fut un beau jour dans cette série de malheurs et l’on crut que la paix allait régner. Or, comme pour apporter la preuve que tant de méfaits restaient étrangers à l’un et à l’autre parti, les mystères de la Fourca n’en continuèrent pas moins à se dérouler dans toute leur horreur, ce qui porta à une exaspération commune et fraternelle ceux de la Fourca qui continuaient à en être les victimes et ceux de Torre-les-Tourettes qui ne voulaient pas en être soupçonnés et tout cela devait fort mal finir comme l’on verra.