Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/368

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le pauvre parut tout seul, entre ses gardes, la place de Titin restant vacante.

Est-il besoin de dire que, comme pour une grande première, on s’arrachait les places depuis un mois, que jamais président des assises, à Nice, n’avait été l’objet de si touchantes attentions, invitations, protestations d’amitié et autres gentillesses de la part des dames, lesquelles se sont toujours montrées friandes des scandales, si honnêtes et vertueuses soient-elles.

Jamais Hippothadée n’avait été aussi choyé. Il était le héros du jour dans ces milieux où, pour être quelqu’un, il faut avant tout faire parler de soi. La comtesse d’Azila, sa grande amie, était fière de lui. Grâce à son titre de présidente de l’œuvre d’assistance aux pêcheurs de « putina » morts en mer, elle avait pu se procurer quelques places. Jamais ses thés n’avaient été aussi suivis.

C’est à elle que l’on s’adressait pour avoir, les derniers « tuyaux ». Par elle on sut que Mme Supia (Thélise), encore bien faible, et bien changée, par la douleur, ne pourrait venir témoigner, que, du reste, M. Supia s’y était formellement opposé (cela sous le sceau du secret). C’était encore sous le sceau du secret que la comtesse d’Azila à laquelle son ami et seigneur Hippothadée se confiait entièrement, apprenait à ses amies que Mme la princesse de Transalbanie avait, quoi qu’on ait pu lui dire, décidé de venir en personne à la cour d’assises. Vainement M. Supia et le prince son époux avaient-ils voulu lui faire entendre qu’elle pouvait, elle aussi, invoquer son état de santé et qu’il suffisait que sa dépo-