Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/373

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de ces tapes qui vous aplatissent un homme et qui collèrent le cher maître à son banc.

— « Vai pinta des gabia ! » (Va peindre des cages !) Titin n’a rien fait ! Mais sa fille est morte, à cet homme ! Il a bien le droit de le dire, « au moinss ! »

Le président interrogea ensuite le témoin sur l’inexplicable disparition de sa sœur. M. Supia déclara que, pour lui, il ne faisait point de doute que Cioasa était, elle aussi, une victime de Titin ! Tous les coups qui les frappaient si cruellement, lui et sa famille, faisaient partie du plan de vengeance dressé par le Bastardon. Ce monstre ne connaissait plus aucune loi divine ni humaine. Habitué à ne mettre aucun frein à ses fantaisies, il avait d’abord l’air rire et maintenant faisait pleurer. Il répandait l’épouvante. On n’osait plus prononcer son nom, même à la Fourca, sans s’entourer des plus grandes précautions. Pour avoir osé avouer ce qu’elle pensait, une pauvre fille, « Manchotte », avait été mystérieusement enlevée comme l’avait été la Cioasa, et une vieille femme, coupable aux yeux du Bastardon de se dire l’amie de M. Supia et de sa sœur et de les plaindre, avait été trouvée décervelée, un matin, à sa fenêtre.

— Le carton trouvé pendu, ajouta le président, portait la signature de Hardigras ! Sur ce carton, comme sur toutes les manifestations signées Hardigras, l’avis des experts ne varie pas. C’est bien le seul et même homme qui a tracé ces lettres fatales qui suivent toujours le crime quand elles ne l’annoncent pas !

Quand M. Supia quitta la barre des témoins, l’huissier appela le prince Hippothadée. Un