Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/374

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grand mouvement se fit aussitôt dans l’assistance. Ces dames firent entendre un léger « Ah ! Ah ! » de satisfaction. Quelques-unes se levèrent. On cria : « Assis ! Assis ! »

Le prince s’avançait, monocle à l’œil, très digne, vêtu avec une sobre élégance dans sa jaquette noire pincée à la taille (il portait le deuil des Supia), les cheveux légèrement ondulés d’un coup de fer discret.

Sa déposition, en ce qui concernait la fameuse scène où Titin avait ramené Mlle Agagnosc, ne fit que corroborer celle de M. Supia. Pour le reste, qui concernait ses fiançailles et l’attitude de Titin, il ne crut pas nécessaire de faire allusion à la visite que celui-ci lui avait faite, le fameux soir où ce damné Bastardon lui avait dit ses quatre vérités, le couteau sur la gorge. C’est que l’on touchait là à la fameuse histoire du troisième « païre » qui faisait de Titin le neveu du témoin (ou tout au moins un tiers de neveu), honneur dont Hippothadée, vu les circonstances, se passait volontiers.

À ce propos, il n’est pas inutile de dire que le consul de Transalbanie, en attendant des instructions qui tardaient, avait fait toutes démarches nécessaires pour que ces messieurs du Parquet glissassent autant que possible sur cette période de la vie de Titin dont le rappel eût pu causer quelque désagrément au représentant d’une nation amie. D’autres événements étaient venus qui avaient fait oublier le passage fulgurant du prince Valdar et le dossier de Titin était suffisamment chargé pour que l’on n’eût point besoin d’évoquer quelques fâcheuses entreprises d’achat de mo-