Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/382

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par une décharge électrique, il fut secoué de gestes si désordonnés que l’on put craindre qu’il ne se dispersât dans l’espace ! Ses bras et ses jambes parurent prêts à le quitter, et le haut de sa mécanique, avant de reprendre quelque équilibre sur elle-même, laissa échapper un grincement de ressort à l’agonie.

En toute autre circonstance, son désespoir en ferblanterie eût fait rire. Il épouvanta.

Le ministère public fit un signe comme pour intervenir, mais le président lui en fit un autre pour qu’il s’en gardât. De toute évidence, Titin était devenu fou ou il était en train de se perdre.

Mais le Bastardon n’était point fou et il le prouva.

— Oui, tu n’es qu’un misérable assassin, toi qui n’hésites point à vouloir me faire couper le cou pour qu’on ne soupçonne pas que ta fille s’est pendue elle-même pour ne plus voir ce qui se passait à ton foyer !

— Il ment ! grinça lugubrement le « visage de tôle ».

— Nieras-tu, reprit le Bastardon écumant, que c’est toi qui a rependu ta fille, après avoir constaté sa mort, ce qui a pu faire croire qu’elle avait été d’abord étranglée ? Nieras-tu que c’est toi qui as attaché au col de la pauvre martyre une carte de menaces qu’un bandit qui m’a volé le nom de Hardigras t’avait envoyée le soir même ! car, messieurs (Titin s’était retourné du côté du jury), ce n’est pas seulement la lettre mise à la poste par Pistafun que M. Supia avait trouvée dans son courrier, c’est encore cette carte avec laquelle il m’envoie à l’échafaud.