Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/384

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croire qu’elle se marierait avec lui ! Quand il fut marié avec Mlle Agagnosc, elle espéra dans son divorce ! Je puis vous affirmer que Mme Supia ne niera pas qu’elle était la première à l’entretenir dans ses illusions.

Le soir du drame, Caroline fut réveillée par quelque bruit venant du rez-de-chaussée ; elle descendit aussitôt, sans même prendre la peine de se vêtir. Elle descendit jusque dans le salon de la Patentaine. Le prince Hippothadée couchait cette nuit-là à la Patentaine. Ce que je puis vous dire, c’est qu’il ne passa pas toute la nuit dans sa chambre. Et c’est de cela, messieurs, que la pauvre Caroline s’est pendue !

— Mais c’est une ignominie ! s’écria le prince Hippothadée au milieu d’un immense murmure…

— Voilà la précision que j’attendais du prince Hippothadée, répliqua Titin. Oui, monsieur, c’est une ignominie ! et de cette ignominie, vous aurez la preuve ! Je vous le jure ou je serai un infâme ! Ah ! messieurs, que ne puis-je me défendre en passant sous silence de telles abominations ! mais il s’agit de ma tête et de mon honneur !… et je me défends comme je peux ! La pauvre Caroline s’est donc pendue ! Sur ces entrefaites, arrive M. Supia. Il se heurte au cadavre de sa fille. Il glisse à terre en faisant entendre un gémissement d’épouvante ! La porte d’en face s’ouvre, et c’est alors que Mme Supia pousse ce cri d’atroce désespoir qui serait allé réveiller le prince au premier étage, si, le prince avait été au premier étage. Messieurs ! le prince n’avait pas besoin d’être réveillé ! Il n’avait pas besoin de descendre ! Il n’eut que quelques pas