Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/385

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à faire pour tenir la pauvre Caroline dans ses bras et essayer de la ramener à la vie, pendant que dans un coin, Mme Supia agonisait d’horreur et que M. Supia pensait avant tout à étouffer le scandale et tirait déjà l’abominable carton de sa poche !

Et ainsi fut réglée l’effroyable comédie pour laquelle, messieurs, on réclame ma tête !

Pour prendre toutes les précautions, ces messieurs eurent besoin d’une demi-heure… une demi-heure, ce n’était pas de trop pour tout préparer, ne rien laisser au hasard, et voilà pourquoi il fut entendu que M. Supia était resté évanoui une demi-heure avant que Mme Supia, à la porte du salon, poussât son cri atroce ! Car, après le cri, il n’y avait plus rien à faire, prince Hippothadée, qu’à courir chercher du secours ; on n’aurait pas compris qu’il en fût autrement ! On savait à quelle heure était arrivé Supia à la Patentaine, on sait l’heure à laquelle Hippothadée accourut chercher le maire : c’est-à-dire une demi-heure plus tard ! Il fallait donc trouver quelque chose pour expliquer cette demi-heure pendant laquelle tout reste encore fermé à la Patentaine ! Eh bien ! Ils avaient trouvé la demi-heure d’évanouissement de Supia et le retard d’une demi-heure pour le cri, le cri de désespoir de Mme Supia !

— Tout cela est une fable absurde ! râla Hippothadée.

— Et moi, s’écria, soudain le « boïa », je mets ce misérable au défi de prouver ce qu’il vient de dire !

— Eh ! monsieur ! éclata Titin, ce cri qui n’a pu réveiller, et pour cause, le prince que