Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malheureuse à accepter son destin sans révolte contre la Providence qui avait été suffisamment clémente pour leur permettre d’échanger encore quelques paroles d’amour, dans un moment où ils auraient pu déjà être morts l’un pour l’autre.

Toinetta ne répondait à tant de résignation que par un espoir forcené. Elle disait :

« Je suis jeune, moi aussi, et je ne veux pas mourir ! Et comme je ne saurais vivre sans toi, il faudra bien que tu vives ! Aie confiance, mon Titin. Nous te sauverons ! »

Le bon Ricci tendait le billet à Titin, qui ne pouvait s’en saisir, à cause de la camisole de force, mais qui l’embrassait.

— Ainsi, elle aura ma dernière haleine ! Dis-lui bien que je ne respire plus que pour elle !

Le jour de l’exécution arriva. Titin avait été prévenu par Ricci :

— Ne t’endors pas et sois prêt à tout !

— Hélas ! Que puis-je faire avec cette camisole ! avait soupiré Titin, et Paolo n’avait pas répondu, car Peruggia entrait dans la cellule.

Peruggia, après avoir donné ses dernières instructions, avait tenu à veiller lui-même le condamné à mort à côté de Paolo. Il ne devait donc plus le quitter avant l’arrivée du parquet.

Vers trois heures du matin, on frappa à la porte. Paolo alla demander, sans ouvrir, ce que l’on voulait. On perçut un bruit de voix et Ricci renseigna Peruggia.

— C’est le gardien Matteotti qui voudrait