Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/417

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idée qui avait été d’aller l’attendre là-haut dans la montagne, dans la hutte du padre Barnabé ! Elle aurait bien su le détourner, elle, de cette horrible vengeance ! Elle lui aurait mis ses bras autour du cou ! Cette chaîne-la, il ne l’aurait pas brisée et ils n’auraient plus pensé qu’à leur amour. Hélas ! Elle avait dû céder aux prières de Giaousé et des autres qui lui disaient qu’elle était surveillée et que le moindre de ses déplacements pouvait tout compromettre !

Et maintenant ! Est ce que tout n’était pas compromis ? Est-ce que tout n’était pas perdu ?…

Après avoir échappé à l’échafaud, c’était comme si Titin s’était exécuté lui-même ! Quelle stupidité !

Elle n’avait même plus la force de pleurer. Elle restait là des heures, la tête dans les mains, accablée et farouche.

Qu’est-ce que lui voulait le prince ? Elle lui avait pourtant dit qu’on la laissât seule.

Il entra.

— Je vous demande pardon, Antoinette, lui dit-il, si je vous dérange, mais je viens de recevoir un mot qui me laisse assez rêveur, et je voudrais savoir ce que vous en pensez.

Il lui tendit le papier :

— C’est de MM. Souques et Ordinal. Ils m’ont l’air pleins de bonnes intentions pour moi, ces braves inspecteurs, mais, entre nous, je crois qu’ils manquent un peu de psychologie.

Elle lut :

« Monsieur, excusez-nous si nous prenons la liberté de vous aviser que votre vie est en