Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/424

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— Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?…

— Mais rien, ma Toinetta ! Seulement depuis trois jours et trois nuits ils me poursuivent… Partout !… Partout !… Ils ne m’ont pas lâché ! Ah ! par où suis-je passé !… Et pas une seconde de répit… pas même le temps de boire l’eau du ruisseau !… Quand je croyais en être débarrassé, d’autres surgissaient et de je ne sais où… et c’était à recommencer !… Ils sont bien dix à mes trousses qui ont juré de me faire crever !… Souques et Ordinal ont dû les faire venir de Paris… Je ne connais pas ces gueules-là !…

Oh ! ils ne doivent pas être loin !… J’étais à bout, je me suis dit : Voir Toinetta une dernière fois ! et après… mon Dieu, après… Je ne ferai plus un pas ! C’est que c’est écrit… Alors, tu seras bien raisonnable… puisqu’il n’y a rien à faire !… Tu n’as pas fini de m’embrasser les mains comme ça ! C’est plus des mains, ça ne ressemble plus à rien !… je devrais te faire peur… Mon Dieu ! comme on est bien ici… Où vas-tu ?

— Viens ! dit Toinetta.

— Tu me fais visiter l’appartement ? Je le connais, tu sais !

— Tu connais aussi ce lit-là, Titin ?

— Comment ! si je le connais ! mais c’est le fameux lit Louis XVI… J’ai passé une nuit dedans. Un grand beau lit pareil, pour moi tout seul !… Tu penses si je me suis pagnoté !

— Titin ! tu vas encore te reposer dans ce lit-là !

Il la regarda. Il n’osait pas comprendre. Non ! elle était folle !… ça n’était pas possi-