phe inattendu. Ils ne troublèrent en aucune façon le distingué Hyacinthe. Les noces de M. Supia et de Mme veuve Delamarre furent honnêtes et décentes.
Mais une semaine s’était à peine écoulée quand Mme Delamarre découvrit que son second époux était dur, revêche, tyrannique et fort avare de ses sous (les siens). Quant au personnel, nous savons de quelle sorte il le traita. C’est dire que, du haut en bas de la maison (le domicile familial compris), il était, pour tout le monde, « le boïa » (le bourreau).
Peut-être ce surnom était-il excessif, mais nous sommes dans un pays où il n’est pire crime que de ne point se faire aimer.
Quelqu’un qui ne l’aimait point, par exemple, c’était sa filleule, la gentille Antoinette. Elle n’était aimée de personne dans la maison, à l’exception des domestiques qui l’adoraient, car c’est un fait que les serviteurs honorent toujours de leur affection les personnes que leurs patrons ne peuvent souffrir.
Antoinette était fille d’une sœur de Mme Delamarre qui avait épousé un brave Niçois, intelligent, travailleur et bon vivant, ce qui est là-bas une cause nullement négligeable de réussite. Antoine Agagnosc, qui avait commencé par être coupeur chez un tailleur en renom et avait le sens des affaires. Quelques années plus tard il était établi à son nom et c’est alors qu’il avait épousé la sœur de Mme Delamarre.
La « Bella Nissa » n’était dans ce temps-là que l’une des plus vieilles maisons de nouveautés de la ville, fournissant la moyenne bourgeoisie et surtout le peuple du marché et des campagnes. Devenu le beau-frère de Dela-