Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
DE STOCKHOLM À MONTMARTRE

Le balai municipal vint nettoyer les trottoirs du Paris noctambule. Dans la poussière bleue du matin, s’évanouirent le rire et la dispute des filles, disparurent les premiers fracs, les derniers travestis, les derniers oripeaux du passé de cette nuit de carnaval.

L’ouvrier et le trottin se hâtèrent en silence vers le labeur de la Ville. J’écoutai ce silence-là et il me sembla qu’il était plein d’une musique inconnue.

Mais comme je ne connais goutte à la musique, l’idée me vint d’aller demander quelques explications à M. Charpentier sur ces bourdonnements d’oreilles.

Il demeurait tout près, à six étages de là. Je les grimpai. Et je fus, dans un couloir de chambres de bonnes, devant une porte. Au coin de cette porte, on avait déjà apporté un quart de leit, dans une bouteille. Derrière cette porte, M. Gustave Charpentier cachait son orgueilleuse pauvreté et son génie. Je n’ai pas osé frapper.

Et je m’en fus me coucher tout de suite, parce que j’avais mal à la tête.