Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de l’économie, le luxe et son influence, l’impôt, telles sont les grandes questions que l’observateur rencontre dans cette dernière partie de la science.

Quelques économistes ont aussi considéré, comme une des parties intégrantes et principales de leur science, le phénomène de la population ; et l’un d’eux s’est fait un nom impérissable par un traité sur cet important sujet. Quoique se rattachant à toutes les parties de notre science, quoique exerçant une influence parfois décisive non seulement sur la répartition des richesses, mais aussi sur la production, sur la circulation et sur la consommation, le phénomène de la population ne constitue pas, à proprement parler, une partie distincte de la science économique.

Appelé subitement en 1879 à remplacer dans la chaire d’économie politique du Collège de France M. Michel Chevalier et obligé de désigner en quelques jours un sujet pour le cours d’une année, mon choix s’est porté, sans la moindre hésitation sur la répartition des richesses. Quelles raisons me déterminaient à parler de cette vaste question plutôt que des autres que je viens d’énumérer ? Trois considérations d’ordres différents m’avaient dicté cette décision. Voici la première l’influence des lois économiques sur la répartition des richesses est un sujet beaucoup moins exploré que l’influence des mêmes lois sur la circulation. On remplirait des salles entières des innombrables traités sur la production, sur les banques, sur l’échange ; au contraire, le problème si grave de la distribution des richesses ne tient en général qu’une place médiocre, secondaire, dans les livres d’économie politique, et il n’a guère été l’objet de longs traités que de la part d’écrivains appartenant à l’école sentimentale ou socialiste. Sans doute, les volumes sur ce que l’on appelle les questions ouvrières abondent, mais la plupart sont absolument vides, de simples amplifications et des redites, sans rien de précis, de positif et de scientifique. De ce que la distribution des richesses est un sujet moins exploré que la production et la circulation des richesses, il en résulte aussi que c’est un sujet moins élucidé, moins connu, sur lequel il y a beau-