Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/175

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pulation urbaine. Ces faits ont été fort bien établis par M. Hippolyte Passy. Les Flandres et la Toscane en sont d’ailleurs la vivante démonstration. La petite propriété offre à l’industrie un débouché beaucoup plus régulier, beaucoup plus sûr que tout autre régime de tenure, parce que la population agricole y est plus rangée, plus économe en général, et cependant plus constante dans ses consommations. La France en est la preuve. Quant aux rares désavantages de la petite propriété il n’en est guère que l’éducation, l’instruction, l’esprit d’association ne puissent faire disparaître à la longue, ou tout au moins n’atténuent au point de leur enlever la plus grande partie de leur importance.

De la théorie il est bon de passer aux faits, c’est-à-dire à la statistique. Quels sont dans les principaux pays les progrès ou les pertes de la petite propriété ? C’est là une question dont la solution est entourée de beaucoup de difficultés. Il est impossible de savoir le nombre exact des propriétaires, de même aussi le nombre des rentiers. Il faut se contenter d’une approximation vague. Les renseignements les plus certains sont les déclarations aux recensements périodiques de la population. Or, il peut arriver que des personnes prennent dans ces dénombrements des qualités qui ne leur appartiennent pas. On juge, en général, de l’augmentation ou de la diminution du nombre des propriétaires par le mouvement des parcelles cadastrales ou des cotes foncières. Ces indices sont trompeurs, si on les suit de confiance sans les soumettre à un très-attentif examen. Le nombre des parcelles va toujours en croissant ; mais cette progression donne une idée souvent exagérée du morcellement de la propriété rurale. Ce qui augmente le plus, en effet, dans un pays prospère, ce sont les constructions urbaines ou celles des banlieues des villes. M. Hippolyte Passy, qui apporte en toutes ses études une rare sagacité, a constaté que dans un laps d’une trentaine d’années les constructions urbaines se sont accrues de plus d’un million ; il y faudrait joindre aussi les produits potagers ou les jardins d’agrément dont la multiplication est très-rapide. Quand on compte dans