Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/206

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des chemins de fer, des banques, des assurances, de tous les principaux établissements industriels. Ce sont là des légions dont le nombre augmente chaque jour. Troisièmement, malgré les charges qui pèsent sur la population ouvrière et qui renchérissent les salaires, malgré le prix des terrains et des constructions, les grandes villes conviennent mieux que les campagnes à beaucoup d’industries. C’est ainsi que Paris et sa banlieue constituent peut-être le centre manufacturier le plus important du monde, non seulement pour la petite industrie et les métiers de luxe, mais pour la grande. Il y a à Paris des ateliers de construction de premier ordre. L’habileté et le goût de l’ouvrier, le talent des directeurs et des ingénieurs, les facilités et les avantages qu’offre la juxtaposition de tous les métiers, ont permis d’établir et de conserver à Paris plusieurs des usines de construction mécanique les plus importantes de l’Europe. Enfin une quatrième cause naturelle d’accroissement des grandes villes, c’est l’attraction qu’elles exercent sur la classe des oisifs, des personnes ayant acquis une fortune ou terminé leur carrière. De toutes parts ces personnes affluent vers les grandes villes, d’autant plus qu’elles ont perdu dans la campagne l’influence et l’autorité primitivement attachées à la richesse.

À côté de ces quatre causes naturelles et économiques d’accroissement des grandes villes, il y a de temps à autre des causes politiques qui favorisent certaines cités et diminuent certaines autres. Les conquêtes qui augmentent la population d’un pays doivent accroître en peu de temps le nombre d’habitants de sa capitale ; tel a été le cas de Berlin. Le transfert de la capitale d’une ville à une autre doit nuire au développement de la cité abandonnée par les pouvoirs publics ; tel a été successivement le cas de Versailles, de Turin, de Florence.

S’il n’y avait à l’accroissement des villes que les causes qui viennent d’être indiquées, la population urbaine aurait présenté une moindre proportion d’accroissement que celle qu’on a constatée. Il faut tenir compte aussi des causes artificielles dont l’action ne laisse pas que d’être importante. On peut citer