Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/209

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villes subit toutes les influences réunies des diverses causes économiques, politiques, naturelles et artificielles, qui viennent d’être décrites. Paris et les autres grandes villes de notre pays donnent l’exemple de l’intensité de ces causes. Jetons les yeux sur Paris et considérons le mouvement de sa population depuis six siècles et demi. Notre capitale comptait :


En 1220 sous Philippe Auguste 120,000 habitants.
1545 sous François Ier 175,000
1605 sous Henri IV 200,000
1715 à la mort de Louis XIV 500,000
1810 600,000
1831 786,000
1846 l,954,000
1861 1,696,000
1876 1,988,000


Depuis 1860, il est vrai, on a réuni à Paris une partie de sa banlieue ; mais les communes annexées, qui étaient de pures campagnes ou de gros villages au commencement de ce siècle, font bien partie de Paris puisqu’il n’y a pas d’interruption dans les constructions. Paris déborde de nouveau au delà de son enceinte devenue trop étroite ; il s’est reconstitué une banlieue[1] et l’on peut attribuer à l’agglomération parisienne, en y réunissant tout ce qui en dehors des fortifications se rattache à Paris par des constructions continues, près de 2 millions 500,000 habitants.

Le tableau que nous venons de donner montre combien il s’en faut que les causes naturelles et artificielles de la croissance des villes aient agi avec la même intensité dans tout le cours de notre histoire. Pendant trois siècles, de Philippe Auguste à François Ier, l’accroissement de la population de notre capitale est très-lent ; il l’est encore de François Ier à Henri IV puis il devient énorme pendant l’ère de paix intérieure que consacre le règne de Louis XIV. De nouveau, il

  1. Paris se prolonge, au delà du mur d’enceinte, par des quartiers continus qui forment des communes distinctes et dont plusieurs, comme Levallois-Perret, Neuilly, Boulogne, ont de 20 à 30,000 habitants. Cette banlieue nouvelle est certainement plus peuplée que ne l’était l’ancienne avant l’annexion de 1860.