Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/225

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res ? Nous pourrions dire que nous ne le savons pas mais nous ne croyons pas être téméraire en disant que nous ne le croyons pas. Il ne faut pas juger de l’avenir d’après l’extraordinaire période de 1840 à 1870, l’une des époques les plus fécondes en applications de découvertes industrielles. Il est probable que dans le dernier quartier du siècle et surtout dans le siècle prochain cette hausse de toutes les valeurs immobilières sera beaucoup plus lente qu’elle ne l’a été jusqu’ici quelques mesures administratives, simples, légitimes, pourraient aider au cours naturel des choses et prévenir ce qu’a d’excessif l’élévation constante des loyers[1].

La propriété foncière urbaine est menacée aujourd’hui de deux côtés à la fois d’une part, le développement des grands magasins, dont nous parlerons plus loin, et la disparition des petites boutiques enlèveront en partie aux quartiers du centre une de leurs destinations les plus rémunératrices. Les bureaux, il est vrai, dont le nombre va croissant pourront dans bien des cas prendre la place des magasins. Ce qui est plus grave, c’est que le développement des voies de communication urbaine permettra de plus en plus aux personnes de toutes classes d’aller demeurer au loin dans les quartiers non bâtis, où le sol est moins cher et où les maisons sont mieux aérées ou plus ensoleillées. Il arrivera à l’intérieur des villes ce qui est arrivé pour les campagnes la facilité et le bon marché des communications amoindrira le privilège des quartiers les plus anciennement habités et placés le plus près des lieux de réunion ; si ce privilège n’est jamais détruit, du moins ne grandira-t-il plus aussi rapidement que jadis.

Dans ces conditions, si l’État et les villes suivaient les conseils du professeur Wagner, il serait à craindre que leur intervention ne fût trop tardive, qu’ils vinssent à acheter une propriété, ayant toujours jusque-là augmenté de valeur, au moment

  1. Il faut distinguer la hausse de la valeur en capital des immeubles, et la hausse des loyers. Nous croyons au premier de ces phénomènes parce que nous croyons à la baisse du taux de l’intérêt ; mais nous pensons que la hausse des loyers s’arrêterait, si l’on rendait plus faciles les communications urbaines et suburbaines par des exemptions d’impôts.