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CHAPITRE VIII

DE LA PROPRIÉTÉ MOBILIÈRE ET DU TAUX DE L’INTÉRÊT.


Manière dont le progrès de la civilisation affecte la situation des rentiers et des capitalistes. — Deux causes principales influent sur la situation de ces personnes le taux de l’intérêt et le mouvement des prix.

De la nature de l’intérêt du capital. — Condamnation de l’intérêt par Aristote et par la plupart des églises.

De la légitimité de l’intérêt du capital. — Le capital est indéfiniment reproductif d’utilité, pourvu qu’on prélève une parcelle de cette utilité pour l’amortir et le reconstituer. — Exemple.

Entre le prêteur et l’emprunteur le fond du contrat est une association avec partage des bénéfices fixé à forfait. — Ce que serait un monde où l’intérêt n’existerait pas.

Ces vérités ont échappé à Aristote et aux églises. — Justification de l’intérêt par Calvin et par les jésuites. — Comment les fidèles éludaient dans leurs prêts les prescriptions de l’Église.

Des causes qui déterminent le taux de l’intérêt. — Insuffisance de l’explication fournie par la loi de l’offre et de la demande. — Deux causes principales influent sur l’offre et la demande : ce sont la productivité même des capitaux et le degré de sécurité dont ils jouissent. — Les capitaux ne sont pas également productifs dans toutes les sociétés et dans tous les âges d’une même société. — Le taux de l’intérêt dépend de la productivité moyenne des nouveaux capitaux survenant dans le pays grande importance de cette vérité qui a été méconnue par les économistes. — Des conditions de sécurité des capitaux il faut distinguer les conditions propres à la personne de l’emprunteur, et les conditions de sécurité générale des transactions dans la contrée.

Qualité différente des emprunteurs dans les pays pauvres et dans les pays riches. — Causes de la thésaurisation dans les sociétés primitives.

Des variations du taux de l’intérêt dans l’histoire. — Des causes de la productivité des capitaux dans les contrées neuves.

De la tendance à la baisse du taux de l’intérêt les trois causes qui la déterminent accroissement de la sécurité des transactions ; augmentation incessante de l’épargne ; diminution de productivité des nouveaux capitaux créés au delà d’une certaine limite. — Les deux premières causes amènent la baisse du taux de l’intérêt qui est un bien ; la troisième cause produit l’avilissement du taux de l’intérêt qui est un mal.

Du bas taux de l’intérêt, il y a un siècle, en Hollande, en Angleterre, dans les villes maritimes d’Allemagne et d’Espagne.

Du relèvement brusque, à certains intervalles, du taux de l’intérêt et des causes de ce relèvement. — Les trois causes accidentelles qui, à certains moments de l’histoire, s’opposent a la baisse du taux de l’intérêt : découverte de nouveaux emplois très productifs pour les capitaux par suite d’inventions industrielles ; émigration des capitaux vers les pays neufs ; guerres et emprunts d’État. — La première cause est essentiellement bienfaisante, la seconde indifférente, la troisième funeste. — Puissante action de la première de 1845 a 1865.