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CHAPITRE XVI

DE L’ACCROISSEMENT DES SALAIRES RÉELS.


Une grande partie de l’accroissement de la force productive a été consacrée à l’augmentation des articles de luxe ou de demi-luxe ce n’est pas un résultat regrettable. — Il est resté, néanmoins, une partie de l’accroissement de la force productive pour être employée en augmentation des salaires et des loisirs.

Recherches sur le taux des salaires dans les trois derniers siècles. — Comparaison des variations des salaires avec les variations du prix du blé. — Sous Élisabeth un travailleur ordinaire gagnait un quarter de blé en 48 jours, il le gagne aujourd’hui en 15 jours. — Calcul analogue pour la France.

De la hausse des salaires dans l’industrie manufacturière. — De la hausse dans les métiers urbains : la rémunération des ouvriers boulangers à Paris depuis 1830 ; elle a augmenté de 80 p. 100.

Cause particulière qui facilite les accroissements de salaires dans la grande industrie : part de plus en plus faible que représentent les salaires dans le prix de revient des produits. — À une hausse des salaires ne correspond pas une hausse, dans la même proportion, de l’objet fabriqué.

À l’élévation des salaires en argent correspond-il une amélioration réelle de la destinée de l’ouvrier ? — Coup d’œil sur le mouvement des prix et sur les budgets des ménages d’ouvriers. — Proportions des dépenses du logement, du vêtement, de la nourriture et des dépenses diverses dans ces ménages. — Le prix des vêtements a baissé ; les dépenses diverses n’ont pas haussé ; le prix du pain et des articles d’épicerie a plutôt fléchi ; seuls le logement, la viande et quelques autres comestibles ont haussé. La généralité des salaires a haussé de 80 p. 100 depuis un demi-siècle ; les dépenses de la vie de l’ouvrier ne se seraient accrues que de 25 à 33 p. 100 dans la même période, en supposant que le régime fût resté le même.

Les cinq périodes différentes de la vie de l’ouvrier : les deux périodes largement productives et pouvant offrir de notables excédants de recettes ; le service militaire sur le continent prend la plus grande partie de la première de ces périodes fécondes. — Le travail des femmes et des enfants est utile, au point de vue économique ; il ne déprime pas, autant qu’on le prétend, le salaire des hommes.

Augmentation de la consommation de la viande et des différentes consommations depuis cinquante ans. — Qu’il est impossible d’expliquer cet accroissement sinon par une amélioration de la destinée de l’ouvrier. — Exemples.

On a détruit dans le précédent chapitre l’étrange préjugé que le paupérisme a augmenté dans les sociétés modernes. Il est singulier que des écrivains sérieux puissent présenter comme