Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/97

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En Angleterre, la rente de la terre était évaluée en 1800 à 500 millions de francs (20 millions sterling), en 1804 à 700 millions (28 millions sterling), en 1838 à 750 millions, en 1857 à 1,200 en 1875 elle était imposée à l’impôt sur le revenu pour 1,250 millions ; et comme en général le revenu imposable, déclaré ou taxé, est toujours moindre que le revenu réel, on peut fixer à 1,500 millions probablement le revenu foncier rural, la rente de la terre en Angleterre en 1875 elle aurait donc triplé depuis 1800, doublé depuis 1838, ce qui met précisément 37 ou 38 ans la période de doublement[1].

En Belgique, d’après le « Rapport présenté au nom des Sociétés agricoles de Belgique et sous les auspices du gouvernement » par M. Emile de Laveleye sur « L’agriculture belge » en 1878, dans la période qui s’écoule de 1830 à 1866, le prix moyen du fermage par hectare aurait passé de 57 fr. 25 à 108 francs, soit 88 pour 100 d’augmentation[2].

Voyons maintenant la France où la population est à peu près stationnaire et où les capitaux augmentent rapidement : il doit se produire dans ce pays, d’après les règles de Stuart Mill, une baisse des profits industriels et commerciaux, une hausse des salaires ; c’est aussi ce que l’on constate. Le revenu foncier rural était estimé à 1,200 millions par Lavoisier en 1790 ; on le portait, dans les statistiques officielles, à 1,500 millions en 1815, à 2 milliards 750 millions en 1874 ; il a donc plus que doublé depuis 1790, presque doublé depuis 1815. Quelques économistes, M. Hippolyte Passy entre autres, pensent que à l’heure actuelle le revenu foncier rural est bien plus considérable que le chiffre qui vient d’être donné, et l’évaluent à 4 ou 5 milliards. Ce dernier chiffre nous paraît exagéré, l’évaluation officielle nous semble plus exacte.

  1. Voir Roscher, Grundlagen der National Œkonomie ; fünfte Auflage p. 315, et la collection des Statistical abstracts for the United Kingdom ; tous ces chiffres ne concordent pas toujours. Ainsi, d’après les Statistical abstracts, les déclarations du revenu foncier rural assujetti à l’Income tax n’auraient été que de 41,176,957 livres sterling pour l’Angleterre proprement dite en 1857, au lieu de 47,109,000, comme le dit Roscher qui joint sans doute l’Angleterre à l’Écosse. Ces différences, d’ailleurs, n’infirment en rien le raisonnement.
  2. L’agriculture belge, par Émile de Laveleye, 1878, introduction p. C.