Page:Leroy-Beaulieu, Les citations de M. Jaurès, 1897.djvu/10

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heures surérogatoires, dont le produit, quel qu’il soit, est en quelque sorte tout profit pour eux.

« La grande propriété moderne rend, en outre, à la petite propriété, de précieux services intellectuels et moraux. Elle instruit la petite propriété ; elle lui donne des leçons de choses, elle lui fournit des modèles. Souvent aussi, elle lui prête des instruments ou lui avance des semences et des plants. Elle tient une école non seulement gratuite, mais parfois très dispendieuse pour celui qui la dirige et dont les enseignements se répandent au loin. Un grand domaine privé bien dirigé dans un canton est une école cantonale que rien ne peut suppléer.

« À côté de ces grands propriétaires, il s’en trouve de moyens, disposant, par exemple, d’une propriété et d’un capital de 150 000 à 300 000 francs, et dont le rôle est fréquemment très efficace.

« Les petits propriétaires ne sont nulle part si prospères que lorsqu’ils se trouvent à côté d’un grand domaine intelligemment dirigé.

« Un certain équilibre entre les trois modes de propriété est la condition la plus favorable au progrès agricole et à l’aisance de la population rurale. »

Il nous semble qu’il ne peut y avoir aucune ambiguïté sur notre pensée au sujet de la propriété du sol ; quand M. Jaurès déclare que nous tenons pour la disparition des petits propriétaires, il nous prête des idées que nous n’avons jamais eues. Si l’on réfléchit que la terre n’est pas seulement une étendue géométrique, mais qu’elle contient une puissance productive qui est susceptible de doubler, de quintupler, parfois de décupler par l’usage qu’on en fait, on comprend que la grande propriété et la moyenne pourraient se développer économiquement et en valeur, sans que la petite perdit nécessairement du terrain.