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« Je vous serais très obligé si vous vouliez bien me faire savoir à quel écrit de moi est empruntée la citation dite textuelle de votre discours.

« Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur, l’assurance de ma haute considération.

« Paul Leroy-Beaulieu. »


Des semaines se sont écoulées depuis que cette lettre a été envoyée à M. Jaurès, je n’ai reçu aucune réponse. Il me semble, cependant, qu’elle en méritait une. J’en conclus que quelque secrétaire irréfléchi aura induit en erreur l’orateur collectiviste par un de ces résumés inexacts et fantaisistes auxquels se complaisent les esprits légers. Il y a longtemps que l’on a dit que, avec deux lignes de son écriture, à plus forte raison de son écriture supposée, on ferait pendre un homme. Toujours est-il que M. Jaurès fera bien de ne pas insérer cette prétendue citation dans ce qu’il appelle son « bréviaire » socialiste : c’est un honneur qu’il voulait m’octroyer et dont je me verrai priver.

Si M. Jaurès veut avoir ma doctrine sur la propriété foncière, il n’a qu’à parcourir quelqu’un de mes ouvrages, mon Traité Théorique et Pratique d’Économie politique, par exemple, dont la première édition ne date que de dix-huit mois, ou mon Essai sur la Répartition des Richesses, dont la quatrième édition est vieille de sept mois à peine. Voilà des livres qui, certes ne sont pas vieux et où j’ai mis toute ma pensée sur la propriété foncière, les modes modernes de l’exploiter et son avenir. Certes, je ne dis nullement, dans ces ouvrages, que la propriété et l’exploitation foncières n’aient besoin d’aucune altération ni d’aucune réforme : j’y soutiens, au contraire, que les cadres de l’une et de l’autre doivent être sensiblement modifiés, qu’à l’image de l’industrie qui a subi des transformations pour s’adapter aux méthodes nouvelles de production,