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La même guerre et les complications qu’elle pouvait faire naître déterminèrent le gouvernement prussien à demander aux chambres, en 1854, un crédit extraordinaire de 30 millions de thalers (442,500,000 francs), pour le ministère de la guerre. En même temps on augmentait divers impôts. Nous nous empressons de dire que le gouvernement prussien eut la sagesse de ne dépenser qu’une partie de l’emprunt en armements. La Suède, le Danemark votèrent aussi des crédits extraordinaires ; la Confédération germanique fit également des préparatifs : de sorte que si l’on ajoute toutes ces dépenses aux 343 millions dépensés par l’Autriche, on peut admettre sans exagération que les dépenses totales des puissances neutres montèrent à 500 millions, ce qui avec les 4 milliards environ dépensés par les quatre alliés, et les 4 milliards également que la guerre a dû coûter à la Russie, donne un total de 8 milliards et demi.

Est-ce là toute l’étendue des pertes ? Non certes. Ce qu’une guerre coûte aux finances publiques d’un pays, ce qui figure au budget en son nom ne représente qu’une faible partie des pertes qu’elle impose à la fortune nationale : la suspension de l’industrie, la ruine du commerce, le désordre porté dans toutes les conditions économiques, les faillites, les chômages, ce sont là des maux bien autrement grands. Qui croirait que la guerre d’Orient n’a enlevé à la Russie que 4 milliards, n’aurait aucune idée de