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LES GUERRES CONTEMPORAINES

l’immense consommation de capitaux que cette guerre a faite. Jamais, depuis le blocus continental, une nation ne s’était trouvée sous l’étreinte d’une lutte aussi formidable pour tous ses intérêts économiques et commerciaux. Ses ports bloqués ne permettaient ni l’exportation ni l’importation : ses vaisseaux pourrissaient à l’ancre derrière les forteresses : dès le mois de mars 1854, il n’y avait plus un seul pavillon russe dans les ports de la France ou de la Grande-Bretagne ; et ceux que l’hiver y avait retenus, avaient été vendus pour échapper aux risques d’une saisie (Blackwoood magazine, 1er avril 1854) ; les vaisseaux marchands qui s’étaient laissé surprendre dans la mer Baltique, dans la mer Noire, et jusque dans la mer d’Azof où ils se croyaient protégés par la flotte, avaient été détruits. À combien estimer la perte de ces navires et de ces cargaisons ? À combien évaluer le déchet et l’intérêt du capital de ceux qui dépérissaient dans les ports ? Les vaisseaux neutres, eux-mêmes, n’avaient pas pleine liberté d’aller et de venir, chargés de cargaisons russes ; c’est ce que prouvent, en dépit des conventions passées entre la France et l’Angleterre au début de la guerre, le regrettable incident de Port-Baltique, et la circulaire russe du 28 avril 1855. À Riga, à Odessa l’immense commerce des lins, des chanvres, des graines oléagineuses et des céréales était complètement suspendu. Il est vrai, ces marchandises pouvaient par de longs détours pren-