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LES GUERRES CONTEMPORAINES

une charge accablante ? Une levée de 300,000 serfs, au-delà du recrutement ordinaire, dit M. Léon Faucher, c’est un impôt de 300 millions sur le capital foncier, sans parler de l’équipement mis à la charge des seigneurs, et qui représente encore une somme de 50 millions de francs : qu’on y joigne les réquisitions en vivres, en fourrages, en chariots de transport : qu’on y ajoute la perte causée par l’impossibilité de l’exportation des blés et des matières premières.

Que dire du cours forcé, du désavantage du change, de la baisse des billets de crédit, qui dès la première année de guerre au lieu de 4 fr. le rouble ne valaient plus que 3 fr. 08 c., et de chute en chute, arrivèrent à ne plus valoir que 1 franc ? Que dire des détournements des dépôts confiés à la banque d’emprunt, à la banque du commerce, aux lombards, aux hospices d’enfants trouvés ? Toute cette désorganisation économique, toute cette instabilité dans les rapports des valeurs, de combien de faillites et de banqueroutes ne furent-elles pas la cause ?

Ces pertes indirectes, colossales, croit-on que la Russie seule à les supporter ? Sans doute les grandes nations de l’Occident ne furent jamais dans un pareil état de crise, mais elles aussi expièrent la folie de la guerre par des pertes plus nombreuses et plus cruelles que celles qui figurent à leur budget. Sans parler du ralentissement des affaires, que