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LES GUERRES CONTEMPORAINES

lations par l’honneur prétendu de la maison de Hapsbourg !

Mais rien n’égalait la plaie du papier-monnaie et les souffrances dont il était cause. La dépréciation du papier-monnaie, a-t-on dit avec raison, semble soumise à une loi analogue à celle qui règle la vitesse de chute d’un bloc de rocher tombant d’une montagne. Elle va toujours croissant comme par une progression géométrique. Le papier des États-Unis, pendant la guerre de sécession, se maintint longtemps avec une perte d’un cinquième ou d’un quart ; de là il descendit assez vite à une dépréciation de moitié, beaucoup plus vite à une dépréciation des deux tiers. Si le Sud moins exténué avait pu continuer la guerre un an de plus, la perte sur les greenbacks eût été vraisemblablement des cinq sixièmes (Michel Chevalier, Revue des Deux-Mondes du 1er juin 1866). L’Autriche, en 1859, se trouvait dans une situation analogue ; il lui fallait se procurer des ressources effectives, c’est-à-dire de l’or et de l’argent. Le 25 mai 1859, elle imposait aux populations lombardes et vénitiennes un emprunt forcé de 75 millions en espèces ; la ville de Venise ne put payer le premier terme qu’en augmentant de 85 pour 400 les impôts industriels et du revenu, et en ajoutant des kreutzers additionnels à l’impôt foncier. Que d’expédients n’imagina-t-on pas pour s’emparer de tout l’or et l’argent de l’empire. L’État qui ne payait qu’en papier, a exigé par une or-