Page:Les Amours secrètes de M. Mayeux, 1832.djvu/17

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pût reprendre son chapeau. Arrivés à notre porte, elle ne voulait pas monter, mais je lui dis qu’étant très-maladroit j’abîmerais sans doute quelque chose au chapeau : elle parut me croire et monta. Une fois chez nous, je fermai la porte avec soin et je la fis entrer dans le cabinet où nous couchions moi et mon frère. Enhardi par le vin que j’avais bu, je bravai cette fois ses prières et ses larmes, je bravai bien plus, je bravai les anglais qui étaient débarqués, et je fus vainqueur. Mais je ne pus reconnaître parmi tant de sang s’il s’en mêlait quelque goutte de virginal. Eh bien, je n’avais gagné qu’une amie, car pour l’amante il n’y en avait pas en elle, chaque fois que je la baisais elle faisait mille grimaces qui me désolaient ; dans le temps des cerises elle en mangeait pendant que je limais, et s’amusait à jeter les noyaux en l’air. Je dus chercher une autre maîtresse, mais comme elle devint enceinte je la gardai par humanité et curiosité pour voir si elle ferait un bossu.

Il m’arriva environ dans ce temps-là une scène à laquelle j’étais loin de m’attendre. Un jour de désœuvrement, j’allai pour rendre une visite à la dame de maison qui m’avait élevé, elle était sortie, je restai pour l’attendre dans le salon où ses demoiselle étaient réunies au nombre de huit. Elles venaient de déjeuner, non pas avec du café, mais avec des huîtres, du