Page:Les Amours secrètes de M. Mayeux, 1832.djvu/27

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teint seulement était altéré et jaune, ce qui avec le rouge qu’elle avait la faiblesse de mettre, la faisait paraître plus âgée qu’elle n’était. Un jour, lassée apparemment de ne pouvoir parler librement, elle me fit signe de descendre dans la rue où elle me jeta un billet conçu en ces termes : J’ai besoin d’aimer, vous me paraissez aimable, trouvez-vous ce soir à huit heures à la place des Victoires. Je remontai et la remerciai par des gestes expressifs. Je ne me fis pas attendre et je n’attendis pas long-temps : nous fîmes un tour de boulevard, elle me donna connaissance de sa situation, et au bout d’une heure nous étions déjà comme de vieilles connaissances. Je la menai chez un marchand de vin, qui a pour enseigne trois lurons, et dont le commerce est alimenté par une grande salle, si bien coupée avec des cloisons de planches, qu’elle forme six cabinets particuliers, si bien séparés, qu’étant dans l’un on peut fort aisément entendre ce qui se dit ou se fait dans les cinq autres ; cependant cet endroit doit m’être cher, car, ainsi qu’on le verra dans la suite, je m’y suis marié quatre fois, et d’abord je m’y mariai ce jour là avec Joséphine Montée, la femme du postillon, qui sans doute montait sa jument tandis que le fortuné Mayeux montait sa femme. Comme il n’y avait dans le cabinet nous étions que des tabourets et une table, je la priai de s’asseoir sur

  
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