Page:Les Amours secrètes de M. Mayeux, 1832.djvu/33

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durait souvent une heure entière. Je commençais à prendre du tabac, j’en pris un peu pour me distraire. À ce moment ils manquèrent d’eau et la mère vint en chercher à la fontaine qui se trouvait dans la chambre où j’étais, elle avait heureusement fermé la porte de communication, car je ne pus retenir une envie d’éternuer que m’avait donnée mon tabac. Jugez quel fut l’effroi de la vieille ! Je ne perdis pas de temps je sautai sur la porte, l’ouvris, et me précipitai dans l’escalier aux cris répétés de au voleur ! au voleur ! de la mère, et poursuivi par le père, qui ne pouvant me rattraper, pris le parti d’aller jaser de l’aventure chez le marchand de vin. Je perdis néanmoins ma bonne amie, car les soupçons tournèrent bientôt sur moi, et bien qu’on ne m’ait pas reconnu plus que la duchesse de Berry à Marseille, on n’en donna pas moins une volée à la pauvre Annette en la menaçant d’un redoublement si jamais on nous trouvait ensemble.

J’eus toujours une admiration complète pour le beau talent du poète qui chanta les jardins et l’imagination. Comme il y a des gens qui ont le malheur de ne pas le connaître autrement que par son nom, je vais leur dire, c’est Jacques Delille. Je rencontrai sa nièce dans le monde et rien que parce qu’elle s’appelait Eugénie Delille, je résolus de tâcher de voir si elle avait autant d’es-