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CHAPITRE XXVIII

Dernier exploit de Jean. — Il se dévoue et donne sa vie pour son pays.


L’exploit auquel cette lettre fait allusion avait fait la joie des bivouacs et rendu Jean presque légendaire.

On a bien raison de dire que la fortune aime les audacieux ! Jean était parti à la tête d’un petit détachement pour faire une reconnaissance. Une brume froide de décembre rampait tristement sur la plaine désolée. Au bout de quelques heures, cette brume se changea en un brouillard si épais que la petite troupe franchit sans sen douter la ligne des vedettes allemandes. On suivait depuis longtemps un mauvais chemin creux sans rencontrer âme qui vive ; il régnait dans l’air un tel silence que la campagne semblait morte. À la fin, le chemin creux se transformait en une crevasse pierreuse qui aboutissait brusquement à une carrière abandonnée. Elle semblait délaissée depuis longtemps. La partie qui était à découvert formait une espèce de bassin irrégulier dans le fond duquel avaient poussé des sureaux mon-