Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où fut fait ce degast leur appartiennent, c’est leur propre.

— Je vous responds, ma commère, dit la femme d’un clerc, quand ils se mettroyent en procez, je ne sçay si l’affaire leur succederoit selon leurs desirs, car tout est aujourd’huy corrompu, l’argent fait tout ; il y a tant de tours de souplesse entre ceux qui plaident, tant de destours, ambiguitez, labyrinthes et faux chemins, qu’il est bien difficile de parvenir au vray temple de la Justice. On ne fait maintenant trophée que de tromper son prochain ; tel aujourd’huy vous monstre beau visage, qui en son cœur vous voudroit avoir mangé42.

— Et vous, Madame, à ce coin, vous ne dites mot, dit une jeune femme de la ruë du Coq. Il semble, à vous voir, que vous ayez de la tristesse : est-ce point qu’on vous a mariée contre vostre volonté ? (Elle parloit à une jeune femme de la ruë Sainct-Marceau43, qu’on avoit mariée depuis peu, malgré l’inclination qu’elle avoit, à un certain44 partisan du père Denis.) Il a pourtant des commoditez, et il peut en bref vous rendre dame


42. Var. Le Recueil général ajoute : Jusques aux os.

43. Var. Rec. gén. : Saint-Honoré.

44. Var. Dans le Recueil général, les mots partisan — dame d’honneur, sont remplacés par : « Vendant vin, de peu d’effet, qui est venu tout en une nuict, comme les potirons. Il a pourtant des commoditez de son deffunt oncle. Il peut, en bref, vous faire grand dame. »