Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/170

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un de mes amis ayant un factum à faire imprimer, il s’adressa à un certain quidam qui affiche à sa boutique : « Ceans y a imprimerie, où l’on imprime factum et autres œuvres », combien qu’il n’en ayt point, et qu’il n’y cognoist que bien peu, s’addressant aux imprimeurs pour les faire imprimer, comme font la pluspart desdits preneurs de factum à imprimer, essayant ainsi à gaigner quelque chose, tant avec ceux qui donnent à imprimer, qu’avec les imprimeurs. Mais le malheur en voulut tant pour ce mien amy, qu’à faute d’avoir eu à l’heure promise ledit factum, il perdit son procez. Cela advint par la contention d’entre l’imprimeur et le libraire qui avoit entrepris de le faire ; et certainement il y a plus perdu que gaigné, à ce qui m’en a esté rapporté, car, n’ayant eu fait en temps et lieu qu’on lui avoit demandé, on ne l’a pas voulu recompenser de la perte qu’il dit avoir soufferte. Je croy que cela luy apprendra une autre fois.

— Vrayement, Madame, dit une de la compagnie, je m’estonne que les imprimeurs n’y mettent ordre, sans se laisser usurper ainsi le gain qui leur appartient ! — Il est vray (respond celle-là qui avoit encommencé le discours) qu’ils devroyent bien y donner ordre ; mais aujourd’huy tout va à la renverse, chacun en tire et prend où il peut, et, avec le temps, chacun aura la cognoissance de