Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/204

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les actions humaines estre tributaires à la censure du public, et au temps qui court pour le jourd’huy.

Qu’ainsi ne soit, pendant la minorité du roy, qu’est-ce qu’un marquis d’Ancre ne faisoit point ? Depuis sa mort, M. de Luynes, que n’a-il point entrepris au prejudice de la couronne et du bien public ? De Luynes mort, comment la cour a-elle esté bastie et composée ? En effect, omnia tempus habent ; et, comme j’ay ouy très bien dire à un medecin, heritier en partie de la bosse et du sçavoir de son père, qui tastoit le poux de madame l’accouchée, à cause des assauts que la nature luy faisoit, nous devons ceder aux loix de l’amour, et toutesfois rechercher des moyens pour luy faire la nicque, si faire se peut. Ce qui ne fut pas si tost entendu par la palfrenière des bas guichets qu’elle dit à M. le medecin : Monsieur, monsieur, il vaudroit mieux que vous apprinssiez à dancer la sarabande, comme deffunt votre père, que de conseiller les dames de se servir de drogues d’apotiquaire pour passer les tranchées d’amour. Bran, bran ! il ne faut que ces meneurs d’ours pour faire finir le monde, et si au diable s’ils viendront deux fois en un logis sans tendre la patte par derrière.

Sur quoy M. le medecin, qui n’a pas grand replique de son naturel, print congé de l’accouchée fort humblement, avec un estonnement nom-