Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/224

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advocat un de ces matins, et s’il n’est qu’un sot habillé en homme.

— Voire ! advocat ! les rues de Paris en sont pavées. Si j’estois que de vous, Madame, je ferois en sorte de le porter dans les finances ; car, ayant le bien qu’il a, il pourra paroistre un temps à ses despens pour apprendre, et puis asseurement il prendra aussi bien que les autres.

— Voilà un bon advis, Madame, dit une autre pourpointière qui a quitté la boutique pour besongner en chambre ; aujourd’huy il n’y a que d’en avoir ; chacun se mocque de la necessité, et le vray moyen de l’eviter pour le jourd’huy, c’est d’estre financier, car infailliblement la guerre ne durera, et pendant le temps il adviendra que les vieux se defferont de leur charge, ou pourront mourir ; ce qu’estant, les jeunes s’avanceront et feront leurs bourses.

— Quelque mestier que ce soit, dit la notaire, est très bon quand on y profite et quand il ne fait point perdre son maistre, ce qui se voit assez rarement ; toutesfois, si j’avois à choisir pour me pourvoir, je prendrois plustost un financier qu’un advocat.

— La femme de l’advocal s’en sentit un peu interessée, et comme estant legitimement picquée au jeu, elle ne peut s’empescher de dire qu’on n’avoit jamais veu de financiers devenir gardes des sceaux et chanceliers, mais bien garde-prisons