Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/235

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d’autre faveur que mon industrie ; c’est pourquoy vous pouvez beaucoup, vous qui estes de bonne grâce, qui avez si beau maintien.

— Je m’asseureray donc, respondit la gantière, en la faveur de vostre bon conseil, duquel je vous remercie et vous en baise bien humblement les mains.

— Vous parlez de procez ? dict l’accouchée.

— C’en est faict, respondit la damoiselle, et puis c’est d’un qui n’est pas de grande conséquence.

La femme d’un procureur du Chastelet qui demeure en la ruë S.-Martin, suivant ces entrepropos, commença et dit : Je ne sçay quels procez il se faict depuis dix ou douze ans, car je vous asseure qu’encores que mon mary soit des anciens, que son estude est aussi seiche qu’une langue de bœuf parfumée ; la pluspart du temps il ne fait rien que bayer aux corneilles et jazer avec un voisin que nous avons qui fait des luts. Nous avons un fils advocat qui ressemble les tapis que mettent les marchands sur leurs boutiques, car il ne nous sert que de monstre ; et ce qui m’afflige plus sur mes vieux ans, c’est que j’ay de trop grandes filles qui perdent leur temps faute d’ouvrage.

— Je vous plainds, je vous asseure, Madame, luy dict une jeune damoiselle qui a espousé le fils d’un medecin, d’autant que mesdames vos filles