Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/264

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gnans, frisans et encourtinans superbement dans leur lict.

À peine eus-je frappé qu’elle print la fuitte et gaigna au pied, de peur d’estre recogneuë, croyant infailliblement que ce fust quelque dame qui la vint voir. La servante, qui vint à la porte, me dit : Monsieur, madame est un peu indisposée pour l’heure ; s’il vous plaist, revenez après midy. Ceste responce me fit retirer aussi froidement que monsieur de la Garandine, qui, estant allé souper en ville, fut contrainct, à son retour, de coucher à la porte, sa femme s’estant r’enfermée avec un jeune advocat de la ruë S.-Denis. J’attendis pourtant que midy fust sonné5 afin d’entrer avec les autres, comme je fis insensiblement pourtant, car j’estois accommodé en apoticaire. De me mettre ny en la ruelle du lict ny au chevet, je n’eusse jamais voulu ; je pris un bout de la tapisserie et me cachay secrettement à l’endroit où je pouvois entendre quelque chose.

Or il est à remarquer que ce jour il n’y avoit que les bourgeoises qui faisoient leurs visites : car, les jours precedens, les grandes dames et damoiselles y avoient passé. Madame la Bruyne, nou-


5. Dans le Recueil général, ce qui termine cet alinéa est remplacé par : et alors, saluant l’accouchée, je luy demanday le mesme privilége du passé, et, en obtenant franchement la prerogative, je me retirai dans mon oratoire accoustumé, derrière le chevet du lict.