Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui voulut y mettre son nez : je vous asseure, Madamoiselle, qu’il m’en doit de beau et de bon ; mais je ne daignerois le presser au payement, car, quelque malheur qui luy soit arrivé, il ne laisse pas de faire bon mesnage pour le peu de bien qu’il a18.

Sur cecy, la femme d’un chirurgien commença de dire : Je ne sçay, pour moy, de quel malheur je suis talonnée. J’avois marié ma fille à un jeune conseiller, et luy avois fait une honneste advance, pensant qu’il deust faire des merveilles avec elle ; et neantmoins je n’ay peu recevoir aucun contentement de ce mariage, combien que je leur aye donné à disner à tous deux l’espace de deux ans, ce qui m’a donné sujet de la retirer avec moy, avec si peu de ce que j’ay peu r’attrapper de son mariage.

— Madame, vous avez tort de vous plaindre de vostre gendre (dit la vefve d’un autre chirurgien, qui ne manque point d’appetit au faict d’amour) ; le moyen que Madame vostre fille puisse estre bien satisfaicte de luy, maintenant qu’il prend le frein aux dents, taschant de se rendre capable en sa charge ! Vous sçavez qu’il a fait toutes ses estudes en trois ans, tant en grammaire, rhetorique, philosophie, que droict civil : c’est pourquoy


18. Var. Rec. gén. : j’ai patience qu’il ait la fortune meilleure.