Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/56

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jardin, prendre la dragme du vin clairet, puis monter sur son mulet et s’en revenir soupper à Paris, et qu’ainsi l’air des champs divertissoit les mauvaises humeurs, restauroit les membres et reveilloit l’esprit.

L’autre medecin, plus vieil, fut d’advis que ce plaisir estoit trop court, et que, souvent reyteré, en fin il ennuyoit plus qu’il ne donnoit de plaisir ; pour son regard, qu’il ne trouvoit point un plus grand divertissement d’esprit que la comedie, la tragedie et la farce, et que souvent il la faisoit joüer en sa presence, et par ses enfans mesmes2, sans avoir esgard à ce vieux dicton : Corrumpunt mores colloquia prava, et quoy que, parmy ces jeux, les enfans impriment mille astuces et fallaces en leurs ames, se mocquans ordinairement de toutes personnes sans suject. Mais passe, c’est pourtant un des plaisirs que je vous conseille de prendre, plaisir qui est à present ordinaire dans Paris ; et, tout ainsi (Dieu mercy da) que la religion catholique, apostolique et romaine sort de France pour habiter au Perou et terres estrangères, ainsi l’Italie commence à se purger de telles folies de jeux publics, qu’ils nous renvoyent


2. Il étoit de bon ton de faire jouer alors la comédie aux enfants. « La reine, écrit Malherbe à Peiresc, s’en va lundi à Saint-Germain, où Mesdames lui préparent le plaisir d’une comédie qu’elles doivent réciter. » Mesdames, ce sont les petites princesses sœurs de Louis XIII.