Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/85

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l’Isle38, le prevost de la connetablie39, et autres de justice criminelle ; et tandis que l’on leur vendra, jamais ne feront rien qui vaille. Le messager d’Estempes fut l’autre jour vollé de quatre-vingts ou cent escus ; comme il fit sa plainte, et qu’il demandoit que l’on courut après, le prevost des mareschaux luy demande cent escus d’avance pour sa chevauchée, et, voyant que c’estoit double perte, il a mieux aymé laisser la poursuitte du vol que d’en perdre d’avantage.

— Ô Dieu ! quel desordre ! Je ne croy pas que le roy sçache la moitié de ce qui se passe, car, s’il le sçavoit, il y mettroit ordre : il feroit observer les loix. À quoy servent tant d’huissiers et sergens ? À faire monstre au mois de may40, et à piller le manan ; tant de prevosts de mareschaux ? à faire pendre ceux qui n’ont point d’argent ; tant de juges criminels ? à bien prendre pour acquitter les debtes qu’ils contractent pour achepter leurs offices ; tant de commissaires de Chastelet ? à prendre pension des garses41, des ma-


38. V. la note précédente.

39. C’étoit un juge d’épée qui instruisoit les procès des gens de guerre à l’armée. Celui du régiment des gardes s’appeloit le Prévôt des bandes.

40. Cette montre du mois de mai étoit la procession de toute la basoche, y compris le sergent et ses huissiers, allant planter en grande pompe le mai annuel dans la cour du palais.

41. Marigny, dans son poème du Pain bénit, parle de