Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/87

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gné. C’est pourquoy, disoit-il, on ne voit point ès maisons des financiers d’anciens héritages, car, quand ils font bastir maisons, fermes et chasteaux, ils sont plustost hypotecqués qu’ils ne sont couverts, plustost vendus qu’ils ne sont achevés, ou, s’ils viennent à deperir, les grandes debtes sont causes qu’ils tombent en masure.

— Aussi vray, Madame, à propos de cela, la pluspart de mes parens estoyent financiers, et qui avoyent grande vogue de leur temps, et si j’ay esté long-temps si beste que je m’attendois à leur succession : j’avois mon oncle le Hou, premier commis de l’espargne, mon cousin Regnault, tresorier de l’extraordinaire, mon cousin Regnard, receveur general de Paris, mon cousin Puget43,


43. Fameux trésorier de l’épargne, dont la fortune fit scandale à cette époque. Tallemant, qui étoit allié de sa famille, lui a consacré une historiette, ainsi qu’à Montauron, qui continua et même augmenta l’opulence de cette maison de parvenus. (V. édit. in-12, t. 8, p. 116, etc.) Dans la Chasse aux larrons de J. Bourgoing (in-4, p. 39, 90), on les maltraite fort. « Les Puget, y est-il dit, qui se sont vantés d’avoir mangé en leur temps plus d’un million six cents mille livres, avoir entretenu toutes les plus belles garces de Paris, jouy des plus relevées de France, joué ez plus dissoluz brelans, académies, tripots, bauffré les plus friands morceaux, etc. » Puget fut souvent inquiété, même avant la grande recherche qu’on fit des gens de finance sous Louis XIII. L’un des commissaires qui instruisoient son procès lui fit cette question : « Je vous prie de m’enseigner comment je pourrois, avec deux ou trois mille écus, en