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vidu? Marche droit et libre, en mettant désormais ta confiance dans ces principes, et non dans ta force corporelle, comme un athlète. Car ce n’est pas comme d’un âne que nul ne doit venir à bout de toi.

Quel est donc l’homme dont rien ne vient à bout? Celui que ne tire de son calme rien de ce qui est en dehors de son libre arbitre. Cela posé, j’énumère toutes les occasions possibles; et, comme on dit, en parlant d’un athlète: « Il a vaincu le premier sur lequel le sort l’a fait tomber; mais en eut-il vaincu un second? Eut-il vaincu, s’il eût fait chaud? S’il eût été à Olympie? » de même ici je dis: « Si tu mets de l’argent devant lui, il en fera fi; mais une jeune fille, et de nuit? Mais la gloriole? Mais les insultes? Mais les éloges? Mais la mort? Pourrait-il en triompher également? Et s’il avait la fièvre? Et s’il était pris devin? Et s’il était dans une humeur noire? » Voilà pour moi l’athlète qui ne serait jamais vaincu.



CHAPITRE XIX




Que devons-nous être à l’égard des tyrans?

Quiconque a un avantage sur les autres, ou croit en avoir un, quoiqu’il n’en ait pas, s’enorgueil-