Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/171

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faisons la cour aux devins. « Maître, hériterai-je de mon père ? Voyons ; sacrifions pour cela. » — « Oui. » — « Maître, qu’il en soit comme le veut la fortune ! » Quand il nous dit ainsi : « Tu hériteras, » nous le remercions comme si c’était de lui que nous tinssions l’héritage. Aussi ces gens-là ont-ils belle à se moquer de nous !

Que devons-nous faire ? Aller les trouver, sans rien désirer, sans rien craindre ; semblables au voyageur qui demande à un passant celle des deux routes qui conduit où il va : il ne désire pas que ce soit celle de droite plutôt que celle de gauche qui y conduise ; car ce qu’il veut ce n’est pas d’aller de préférence par une d’entre elles, mais par celle qui conduit où il va. C’est ainsi qu’il faut aller trouver Dieu, pour qu’il nous guide. Usons de lui comme nous usons de nos yeux : nous ne leur demandons pas de nous faire voir ceci plutôt que cela ; nous nous bornons à recevoir les idées des choses qu’ils nous font voir. Ici, au contraire, nous nous emparons de l’augure en tremblant ; nous appelons Dieu à notre aide et nous lui disons avec prière : « Seigneur, aie pitié de moi ; accorde-moi de me tirer de là ! » Esclave, veux-tu donc autre chose que ce qu’il y a de mieux ? Et qu’y a-t-il de mieux que ce qui a été arrêté par Dieu ? Pourquoi donc, autant qu’il est en toi, corromps-tu ton juge, et séduis-tu ton conseiller ?