Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/191

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quelque chose qui vaille mieux encore ? — De quoi parles-tu ? — De ce qui use de tout cela, par Jupiter ! de ce qui juge chacune de ces choses et qui en délibère. — Tu veux parler de l’âme ? — Tu m’as compris ; c’est d’elle que je parle. — Par Jupiter ! je crois avoir là une chose qui vaut beaucoup mieux que toutes les autres. — Peux-tu donc nous dire comment tu prends soin de ton âme ? Car il n’est pas probable que toi, qui es un homme de sens, si considéré dans la ville, tu ailles, sans réflexion, abandonner au hasard ce qu’il y a de meilleur en toi, que tu le négliges et le laisses dépérir ? — Pas du tout. — En prends-tu donc soin toi-même ? Et alors est-ce d’après les leçons de quelqu’un, ou d’après tes propres idées ? » Il y a grand péril à ce moment que cet homme ne te dise tout d’abord : « De quoi te mêles-tu, mon cher ? Est-ce que tu es mon juge ? » Puis, si tu ne cesses pas de l’ennuyer, il est à craindre qu’il ne lève le poing et ne te frappe. Moi aussi, jadis, j’ai eu le goût de ces interrogations ; mais c’était avant de rencontrer cet accueil.