Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/197

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révèle au premier coup-d’œil, et de plus la plupart d’entre eux ont quelque chose qui séduit et agrée. C’est une triste chose que de rester là à voir comment s’apprend le métier de cordonnier ; mais la chaussure a son utilité, et n’est pas d’autre part désagréable à la vue. L’enseignement du métier de charpentier aussi est peu attrayant, surtout pour l’ignorant qui y assiste par hasard ; mais l’utilité de ce métier se manifeste par ses produits. C’est ce qui se voit encore bien mieux dans la musique : assistez à une leçon, et vous trouverez que c’est le plus ennuyeux de tous les enseignements ; mais que d’agrément et de charmes dans les produits de la musique, même pour l’oreille des ignorants !

Or, voici comment nous nous représentons ici ce qu’a à faire le philosophe : il doit régler sa volonté sur les événements, si bien que rien de ce qui arrive n’arrive contre son gré, et qu’il ne désire jamais l’arrivée de ce qui n’arrive pas. Cela fait, il y gagne de ne jamais manquer ce qu’il désire, de ne jamais tomber dans ce qu’il veut éviter, de vivre, pour ce qui le regarde, sans chagrin, sans crainte, sans trouble, et, vis-à-vis de la société, en accomplissant ses devoirs naturels ou adventices, comme fils, comme père, comme frère, comme citoyen, comme mari, comme femme, comme voisin, comme compagnon de route, comme gouvernant, comme gouverné. Voilà comment nous nous représentons ce que doit faire le philosophe. Il nous reste à chercher après cela comment il arrive à le faire.

Nous voyons que c’est en apprenant certaines choses que le charpentier devient charpentier ; que