Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/318

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quoi donc t’indignes-tu, lui dis-je, s’il reçoit quelque chose en échange de ce qu’il vend? Ou pourquoi le trouves-tu si heureux d’avoir gagné sa fortune par des moyens dont tu ne veux pas? Ou bien encore, quel mal fait la Providence en accordant ce qui vaut le mieux à qui vaut le mieux? Est-ce que l’honneur ne vaut pas mieux que la richesse? » Il en tombait d’accord. « O homme, pourquoi donc t’indigner, puisque tu as ce qui vaut le mieux! »

Rappelez-vous donc toujours, ayez toujours présent à l’esprit, que la loi de la nature est que celui qui vaut mieux ait plus que celui qui vaut moins de ce pourquoi il vaut le mieux; et jamais vous ne vous indignerez. — « Mais ma femme en use mal avec moi! » — C’est bien. Si quelqu’un te demande ce qu’il y a là, réponds: « Ma femme en use mal avec moi. » Y a-t-il là autre chose? Non. — « Mon père ne me donne rien. » — Qu’y a-t-il là? Mon père ne me donne rien. Y a-t-il là autre chose? Non. Pourquoi ajouter du dehors que c’est là un mal? Pourquoi ce mensonge? Aussi n’est-ce pas la pauvreté qu’il faut repousser, mais l’idée que l’on s’en fait; et de cette façon nous serons heureux.