Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/350

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qui écrit avec la dernière habileté , beaucoup mieux que Dion. » C’est là tout. Dit-il: « Voici un homme plein de retenue et de probité, un homme que rien ne trouble? » Si il parlait ainsi, je lui dirais: « Puisque cet homme est si probe, qu’est-ce donc en lui que la probité? » Et, s’il ne pouvait me le dire, j’ajouterais: « Commence par apprendre ce que tu dis; et ne parle qu’après. » Et c’est dans cette triste situation d’esprit, c’est quand tu t’extasies devant ceux qui t’applaudissent, c’est quand tu comptes tes auditeurs, que tu prétends ôtre utile aux autres! — « Aujourd’hui, dis-tu, j’ai eu beaucoup plus d’auditeurs! » — « Oui, beaucoup. Cinq cents, ce me semble. » — « Vous ne savez ce que vous dites! Mettez-en mille. Jamais Dion n’en a eu autant. Et comment les aurait-il? Puis, comme ils écoutent ma parole! C’est que le beau, Monsieur, agit jusque sur les pierres elles-mêmes! » Et c’est là le langage d’un philosophe! Ce sont là les sentiments du futur bienfaiteur de l’humanité! C’est là l’homme qui a écouté la raison, qui a lu les livres socratiques comme on lit des livres socratiques, et non pas comme on lit des livres de Lysias ou d’Isocrate! Au lieu de lire: « Je me suis souvent demandé avec surprise par quels raisonnements » C’est ceci qu’il faut lire: « Par quelle raison? » Car cet ouvrage-ci vaut mieux que l’autre. Et ces livres socratiques, les avez-vous lus d’une autre façon qu’on ne lit des chansonnettes? Si vous les lisiez comme il faut, vous ne vous attacheriez pas à toutes ces frivolités; mais vous fixeriez plutôt votre attention sur ceci: « Anytus et Melytus peuvent me tuer; ils ne peu-