Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/445

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ties n’en existent que pour les besoins du tout! Les autres êtres sont hors d’état de comprendre son administration, mais l’animal raisonnable a les moyens de démêler tout à la fois qu’il est une partie du tout et une telle partie, et qu’il est convenable que les parties subissent les lois de l’ensemble. De plus, né avec un cœur noble, avec une âme grande et libre par nature, il voit que dans le milieu où il vit il y a des choses dont il est le maître et dont il dispose, tandis qu’il y en a d’autres qui sont dans la dépendance et sous la main d’autrui; que celles dont il est le maître sont celles qui sont laissées à son libre arbitre, et celles dont il n’est pas le maître, celles qui n’y sont pas laissées; il voit, par suite, que s’il ne place son bien et son intérêt que dans les premières seules, dans celles dont il est le maître et dont il dispose, il sera indépendant, calme, heureux, au-dessus de toute atteinte, élevé d’esprit, religieux, reconnaissant à Dieu de toute chose, ne se plaignant jamais de ce qui arrive en dehors de sa volonté, et ne blâmant quoi que ce soit; tandis que, s’il place son bien dans les choses extérieures, qui ne sont pas laissées à son libre arbitre, il trouvera forcément des empêchements, des entraves, et la servitude sous ceux qui ont en leur pouvoir les objets de ses admirations et de ses terreurs; que forcément alors il deviendra impie, en se croyant maltraité par Dieu; injuste aussi, parce qu’il cherchera toujours à acquérir plus qu’il n’a; forcément encore, bas et petit de cœur.

Avec ces idées, qu’est-ce qui nous empêche d’avoir une vie douce et légère à porter, attendant