Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/473

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idée? Va-t’en donc disputer avec un pourceau, pour qu’il ne se roule pas dans la fange! C’est grâce à cela que les discours de Xenocrate ont touché Polémon: le jeune homme aimait le Beau. Quand il entra dans l’école, il avait en lui le principe de l’amour du Beau; seulement, il cherchait le Beau où il n’était pas.

Il n’y a pas jusqu’aux animaux qui vivent avec l’homme, que la nature n’ait faits propres. Est-ce le cheval qui se roule dans la fange? Est-ce un chien de noble race? Non, mais le pourceau, mais les sales oies, mais les vers, mais les araignées, tout ce qu’il y a de fait pour vivre le plus loin de l’homme. Et toi, qui es un homme, voudras-tu n’être même pas un des animaux qui vivent avec l’homme? Aimeras-tu mieux être un ver ou une araignée? Ne te laveras-tu donc jamais, quel que soit le mode que tu préfères? Ne te baigneras-tu jamais? Ne voudras-tu pas nous arriver propre, pour que l’on soit heureux d’être avec toi? Entreras-tu avec nous en pareil état dans ces temples, où il n’est permis de cracher ni de se moucher, toi qui n’es que morve et que crachat?

— Quoi donc! doit-on vouloir se faire beau? — A Dieu ne plaise! si ce n’est dans ce qui est nous par nature, dans notre raison, dans nos jugements, dans nos actes; quant au corps, il ne faut s’en occuper que pour qu’il soit propre et ne choque personne. Parce qu’on t’aura dit qu’il ne faut pas porter de vêtements écarlates, vas-tu couvrir ton manteau d’ordures ou le mettre en loques? — Et d’où pourrais-je avoir un beau manteau? — Homme, tu as de l’eau; laves-y le tien. O l’aimable